mardi 24 juin 2008

A part ça on est tous daltoniens !

En lisant un article de LIBERATION sur le triste et condamnable évènement qui s'est déroulé samedi 21 juin 2008 dans le XXe à Paris concernant l'agression d'un jeune, j'ai été surpris par la description des acteurs par l'auteur de l'article. Dans un pays qui ne veut pas des statistiques de la diversité, il est curieux que l'on soit aussi à l'aise lorsqu'on décrit de tels évènements pour évoquer l'origine des protagonistes. Il est temps et grand temps que l'on ouvre les yeux, la France n'est plus monocolore, il suffit de sortir du souhaitable pour aller dans le réel...

Retour sur un samedi de violences

Paris XIXe. L’adolescent juif agressé par des jeunes est sorti du coma.

TONINO SERAFINI

QUOTIDIEN : mardi 24 juin 2008

Hospitalisé depuis samedi soir dans le service de réanimation de l’hôpital Cochin, Rudy H. est «sorti du coma» a annoncé hier l’AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris). Mais le communiqué précisait qu’il «n’est pas encore possible de statuer sur d’éventuelles séquelles». Cet adolescent juif de 17 ans a été violemment tabassé, samedi vers 19 h 30, devant l’entrée du square Petit, par une dizaine de jeunes d’origine africaine et maghrébine d’une cité HLM, située pile face au jardin public.

Deux jours après les faits, les circonstances de l’agression demeurent toujours floues. Hier soir, cinq jeunes de la cité, placés en garde à vue ont été déférés au parquet en vue de l’ouverture d’une information judiciaire. Par ailleurs, quelques habitants d’immeubles voisins étaient entendus par la police. Ils n’auraient pas pris part directement à l’agression, mais seraient des témoins oculaires.

Une source judiciaire a aussi expliqué que Rudy H. «était mis en examen et placé sous contrôle judiciaire» depuis décembre 2007 pour avoir pris part à des affrontements violents avec des jeunes d’origine maghrébine à Paris.

Son passage à tabac samedi ne semble pas lié à cette affaire, mais il s’inscrit dans un climat de tensions exacerbées entre bandes rivales de jeunes du XIXe arrondissement, obéissant à des logiques communautaristes : noirs-maghrébins d’un côté, juifs de l’autre. Les uns et les autres habitent dans un rayon de quelques centaines de mètres autour des rues Petit, Manin, Crimée, d’Hautpoul… «Ils se connaissent tous, même s’ils ne fréquentent pas les mêmes écoles, la plupart des enfants juifs étant dans le privé», observe un habitant du quartier. Ces événements dramatiques découleraient d’un climat délétère et de «bastons» qui se sont multipliées au cours des trois dernières semaines. En croisant plusieurs témoignages Libération a tenté de reconstituer le déroulé de la journée de samedi.

13 h 30-14 h

Des échauffourées entre les deux bandes se déroulent à l’intérieur du parc des Buttes-Chaumont. Les affrontements auraient fait un blessé, mais ce dernier n’a pas porté plainte.

15 h 30-16 h

Alors que les habitants du quartier vaquent à leurs courses, ils assistent, sidérés, à des bagarres de rue. Les échauffourées impliquent une vingtaine de jeunes de part et d’autre et se déroulent rue Manin, puis à l’angle des rues Manin-Crimée et enfin autour de la mairie.

Vers 19 h

Hier, deux versions totalement différentes circulaient sur ce début de soirée, prélude à l’agression. Selon une première version, Rudy H. passe à ce moment rue Petit avec sa kippa sur la tête. Ce signe distinctif d’appartenance religieuse aurait déclenché l’agression dont il a été victime, de la part des jeunes de la cité, sur fond des tensions intercommunautaires qui agitent régulièrement l’arrondissement. Mais une autre version fait état d’une «troisième mi-temps» d’affrontements dans la suite de ceux qui s’étaient déjà déroulés dans l’après-midi. Les deux bandes s’y seraient retrouvées pour une affaire de scooter volé. A un moment, les jeunes juifs auraient pris la fuite. Mais Rudi H. se serait fait attraper. La vraie version étant encore inconnue, le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, a estimé hier qu’il est «probable», mais «pas certain» que cette agression revête un caractère antisémite.

19 h 30

Rudy H. gît sur le trottoir de la rue Petit. Il vient d’être victime d’un véritable lynchage. Il a été tabassé à coups de poings et à coups de pieds. Ses agresseurs ont même sauté à pieds joints sur son corps. Le tabassage aurait cessé du fait de l’intervention d’un gardien d’immeuble, racontent certains témoins. D’autres disent que les «gamins se sont arrêtés de cogner quand une femme africaine qui passait par là s’est mise à hurler».

Peut-être que ces deux personnes sont intervenues en même temps, évitant ainsi une issue plus dramatique.